EL MONTASSIR Abdessamad

Artiste indépendant ; arts visuels
Période de résidence: 
11 septembre 2017 - 9 février 2018
Projet de recherche: 
Résistance Naturelle
Résumé du projet: 

Comment des évènements traumatiques surgissent dans les corps des descendants ? Une plante est-elle un indicateur des rapports de forces politiques dans un territoire donné ? Résistance Naturelle est un projet d’art et de recherche interdisciplinaire dont le processus vise à suivre les traumatismes qui se sont générés dans le contexte d'un non-événement* dans le Sahara au sud du Maroc, et les formes d’amnésie, de honte et de culpabilité générées par cette situation dans ce territoire. Le projet se concentre sur l’impossibilité de reconstituer des événements et des faits politiques. Dans cette dynamique, il se focalise sur la complexité de libérer une parole dominée, et s’interroge sur les bouleversements qui ont profondément touché nos sociétés contemporaines. Des bouleversements qui se nourrissent d’amnésie. Dans cette dynamique Résistance Naturelle sonde les transmissions viscérales possibles qui s’opèrent et surgissent dans les corps des générations suivantes. Ces transmissions ne se basent pas sur un vécu mais constituent et légitiment une mémoire. Ce projet prend forme à travers plusieurs temporalités, à la fois distinctes et complémentaires, dont le langage nous échappe :


• La temporalité de la plante, qui prend forme à partir du daghmous, une euphorbe endogène au Sahara au sud du Maroc. Cette plante, initialement composée de feuille, a développé des systèmes de résistance et est maintenant recouverte d’épines. Elle constitue à mes yeux un indicateur très symbolique et fiable des rapports de forces politiques et culturelles dans ce territoire dont la situation politique est extrême. En suivant les systèmes de résistance développés par cette plante, Résistance Naturelle évoque les formes d'émancipations produites par les citoyens dans ce même territoire, dont la situation politique est complexe.

• La temporalité des représentations fictionnelles et des espaces de projetions imaginaires développés par les habitants de cette région afin de transcender l’objectivité reconnue. Cette temporalité parcourt des utopies qui échappent à l’Histoire officielle, et se nourrit du mythe de Chertate, un personnage mythologique important dans les récits sahraouis. Moitié humain, moitié animal mythique, Chertate marche continuellement dans le but de se libérer et, en marchant, il crée des récits fictionnels auxquels il finit par croire. Par l’exploitation des potentiels de ces différentes temporalités, Résistance Naturelle entend donner de la matière et ouvrir un espace d’expression aux silences. Il s’inscrit dans une approche interdisciplinaire où la plante, le mythe et l’archive deviennent support à l’émergence de nombreux récits collectifs.

À la faveur d’entretiens avec des scientifiques et des citoyens-témoins, et d’une recherche sur les mythes et poésies sahraouies, le projet explore les signes apparemment dépourvus de valeur ou de signification aux yeux des « Grands Événements » de l’Histoire. Il ne s’agit pas seulement de lutter contre un effacement ou une disparition, mais bien d’ouvrir un interstice inédit pour l’émergence de ces témoignages latents et de ces mémoires amnésiques, tout en revendiquant une parole située, contextualisée et ancrée dans l’expérience.

En convoquant des faits appartenant à l’histoire silencieuse et amnésique, présente ou passée, ce projet ouvre de nouveaux espaces à de nombreux récits où la parole se libère afin de creuser, produire, transmettre, renouer, documenter, préserver, analyser et partager. Ainsi, Résistance Naturelle déploie un processus qui fournit les ingrédients nécessaires à la production d’une contre-phrase.

Résistance Naturelle est un projet d’art et de recherche produit par l’IMéRA et coproduit avec l’Institut Français du Maroc, Le Cube – independent art room et Moussem Nomadic Art Center.

Structures de recherche :

• IMéRA - Institut d’études avancées, Exploratoire Méditerranéen de l’Interdisciplinarité, Aix- Marseille Université.


• IMBE - Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale.


Documents additionnels: 
Lien(s) web: 

https://if-maroc.org/cooperation-1/culture/residences-de-creation-et-de-...

BIO

Né en 1989, vit et travaille entre Rabat, Boujdour et Marseille. Actuellement artiste-chercheur à l’IMéRA, Abdessamad El Montassir est diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, ainsi que du master Enseignement artistique et éducation esthétique de l’École Normale Supérieure de Meknès, pour lequel il a reçu le prix d’excellence.

Il a participé à plusieurs expositions nationales et internationales, parmi lesquelles Invisible curatée par Alya Sebti pour la 13ème biennale de l’Art africain contemporain de Dakar et l’ifa-Galerie à Berlin, Al Amakine dans le cadre des 11ème Rencontres de Bamako, Attokoussy à Hinterland Galerie à Vienne et Le Cube - independent art room à Rabat, Saout Africa(s), dans le cadre de la documenta 14 à SAVVY Contemporary à Berlin, Home pour la Mediterranea 18 Youn Artists Biennale à Tirana et Durrës, Don’t Agonize, Organize à Poppositions à Bruxelles, La SERRE au Cyber Park dans le cadre de la 6ème biennale de Marrakech, Open Studio - Résistance au Cube - independent art room à Rabat, ou encore Mastermind #4 à la galerie Venise Cadre de Casablanca.

Abdessamad El Montassir a également pris part à plusieurs résidences artistiques : Programme Art, Science et Société à l’IMéRA à Marseille, La Cité Internationale des Arts à Paris, le summer’s lab au Cube - independent art room à Rabat, La Résidence Méditerranée à La Friche La Belle de Mai de Marseille, et une résidence à l’Espace 150x195 à Martil. Il a par ailleurs participé au laboratoire « Art, technologie et écologie, production et post-production » mené par L’Appartement 22 entre Fès et Rabat.

Curriculum Vitae: